Manon BINET

Tout ce que vous devez savoir sur la diversité en France

Facebook Twitter Linkedin Instagram Tout ce que vous devez savoir sur la diversité en France Tout ce que vous devez savoir sur la diversité en France,  par Manon BINET, le 14/04/2023  La France étant un pays varié sur le plan ethnique, culturel et religieux, la diversité est un sujet qui suscite un grand intérêt. D’un point de vue interculturel, cette thématique nous concerne parce qu’elle révèle des réalités riches en enjeux, en défis et en opportunités. Pour pouvoir fabriquer du commun, l’interculturalité a donc besoin de répondre aux questions suivantes : Qu’est-ce que la diversité en France et comment est-elle perçue par la société française ? Quelles sont les tendances récentes en matière de diversité en France et comment ont-elles évolué au fil du temps ? Comment la France se compare-t-elle à d’autres pays dans le domaine de diversité et d’inclusion ? Pour ARC, en tant que structure de formation interculturelle, il est nécessaire de trouver des éclaircissements à ces questions pour pouvoir créer des contenus qui s’adaptent aux enjeux de notre époque et de notre territoire. Trajectoires et Origines : analyse de la diversité des populations en France Récemment, l’INED et l’INSEE ont mené le deuxième volet d’une étude colossale qui nous permet d’avancer sur ces questions. Son nom ? Trajectoires et Origines 2 (TeO2). Cette étude analyse la diversité des populations en France et la situation des personnes d’origine immigrées. Elle fait suite à l’enquête du même nom, qui avait lieu 10 ans avant. Pour notre structure d’éducation à l’interculturalité et à l’inclusion, les données de cette recherche représentent une richesse inouïe. Cette enquête rigoureuse administrée auprès de 26 500 répondants et répondantes nous donne les clés et les orientations pour répondre avec justesse aux réalités du contexte français actuel en matière de diversité. TeO2 analyse les conditions de vie et les trajectoires sociales à partir de l’origine en croisant avec d’autres facteurs tels que : le milieu social, le sexe, la configuration familiale, le quartier, etc. De ce fait, elle prodigue des informations détaillées sur les personnes immigrées, les descendants et descendantes d’immigrés (enfants et petits enfants), les « minorités visibles » (comme les personnes des DOM) et les groupes religieux, qui sont des populations au cœur du débat public. Selon Beachemin Cris, qui a travaillé sur cette étude, une enquête aussi large n’existe nulle part ailleurs. Les thématiques centrales de cette étude sont : l’intégration (l’accès aux ressources et à la reconnaissance sociale), les discriminations comme obstacle au droit commun et les changements d’une génération à l’autre. Cette enquête décortique un vaste panel de sujets qui produisent des résultats basés sur des questions objectives et subjectives. Objective, parce que les scientifiques ont pu mesurer de façon factuelle l’accès aux différentes ressources de la vie sociale telle que l’éducation, le logement, l’emploi, la santé, etc. Subjective, étant donné que les personnes qui ont participé à l’étude ont pu par exemple expliquer leurs expériences, leurs sentiments et leurs impressions de traitements injustes ou défavorables dans des situations concrètes. Une enquête administrée auprès de 26 500 répondants et répondantes Des chiffres clés pour comprendre la situation de la diversité en France 32 % des Français et Françaises ont un lien avec l’immigration, que ces personnes soient immigrées elles-mêmes (9 %), enfants d’au moins un parent immigré (13 %), ou petits-enfants (10 %). Les personnes immigrées et les personnes descendantes d’individu immigré ont un sentiment d’appartenance français très proche de la moyenne de la population majoritaire. L’étude révèle que le fait de se sentir français n’est pas contradictoire avec des sentiments d’attachement à d’autres nationalités. Ces différentes appartenances seraient même complémentaires.   La moitié des descendants et descendantes de parents immigrés expliquent qu’ils et elles ont le sentiment de ne pas être perçus comme français et française. Ce chiffre s’élève à 43 % pour les personnes avec des origines du Maghreb et 57 % pour ceux et celles d’Afrique subsaharienne. En dix ans, le sentiment de discrimination a augmenté. 19 % des 18-49 ans disent en avoir subi en 2019-2020, contre 14 % en 2008-2009. 11 % des personnes de confession musulmane rapportent des discriminations religieuses, contre 5 % il y a dix ans 27 % des personnes immigrées sont en couple avec un conjoint sans ascendance migratoire directe, c’est le cas de 66 % des descendants et descendantes de 2e génération. À la 3e  génération, 90% des petits-enfants d’immigrés  (de moins de 60 ans) n’ont qu’un ou deux grands-parents immigrés. Diversité et interculturalité : comment favoriser l’inclusion en France La diversité est un enjeu important pour la société française, qui a toujours été marquée par une grande variété culturelle. Cependant, les différences culturelles peuvent parfois entraîner des malentendus et des conflits. C’est pourquoi les formations interculturelles sont un moyen efficace de promouvoir la diversité et de favoriser le vivre-ensemble. Cette étude montre que les formations interculturelles sont particulièrement pertinentes en France. Elles permettent de mieux appréhender les normes et les codes culturels des différentes parties prenantes, de développer des compétences en communication interculturelle, et de renforcer la confiance entre les individus. TeO montre qu’il est essentiel de promouvoir une société inclusive et de lutter contre les discriminations, afin de permettre à la diversité de s’épanouir pleinement. La diversité peut favoriser l’innovation et la créativité, en apportant de nouvelles perspectives et de nouvelles idées. Elle peut contribuer à renforcer la cohésion sociale et la solidarité, en permettant la compréhension et le respect mutuel entre les différentes communautés. Demander un devis

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C’est quoi l’authenticité ?

Facebook Twitter Linkedin Instagram C’est quoi l’authenticité ? C’est quoi l’authenticité ?Une rencontre authentique, un amour authentique, un paysage authentique, un peuple authentique, toutes ses expressions nous font échos. En tant qu’individu, l’authenticité est une notion que nous recherchons. Elle est gage de profondeur, de justesse et de sincérité. Mais à quoi correspond finalement ce mot ? Qu’est-ce qui fait qu’une chose est plus authentique qu’une autre ? Dans une perspective interculturelle lorsqu’on pose la question, l’authenticité semble être l’exclusivité des sociétés du passé ou celles du lointain. Nos sociétés occidentales et leur mode de vie désenchantée ne semblent plus pouvoir répondre à notre besoin d’une authenticité qui rassure et qui donne des repères. Pourtant, ce mot apparait très souvent dans les discours médiatiques, politiques ou commerciaux.   Il convient donc de le définir et d’en saisir les différents sens. Beaucoup de travaux ont déjà été effectués pour expliquer la notion d’authenticité. Nous synthétiserons donc ici trois différentes perspectives pour mieux comprendre ce terme. On peut distinguer trois approches de l’authenticité : l’authenticité objective, l’authenticité symbolique et l’authenticité existentielle . L’authenticité objective L’authenticité objective est d’après Dean MacCannell, une expertise basée sur une grille d’analyse considérée comme légitime et donc comme un point de vue objectif. Autrement dit, cette analyse se fonde sur une vision très binaire : une chose est authentique ou ne l’est pas. On va parler ici de « réel ». On fait une différence entre l’être et le paraître. De façon concrète, on va par exemple qualifier un paysage naturel d’authentique, car il sera porteur d’une authenticité réelle. Par contre, il semble évident que pour ce faire, il ne devra en aucune mesure avoir été altéré par l’humain. Un paysage peut donc être authentique, mais quand est-il des individus ? D’après MacCannell, le critère pour apprécier le degré d’authenticité d’une population serait de se baser sur le progrès technique : « Les modernes pensent la réalité et l’authenticité comme étant ailleurs, dans d’autres périodes historiques et dans d’autres styles de vie plus purs et plus simples »[1]. Il explique que cette logique est notamment suivie par les touristes et les voyageurs. Cette attente va notamment pousser la population, pour des raisons économiques évidentes, à se mettre en scène pour amplifier un aspect « primitif ». De ce fait, leur altérité sera d’autant plus exacerbée. MacCanell oppose à cette authenticité objective, une authenticité mise en scène. En effet pour lui, le touriste qui n’a qu’une connaissance très superficielle de la culture qu’il visite va facilement se laisser leurrer. Il ne se rendra pas compte d’une potentielle mise en scène. Le touriste ou le voyageur ne saura pas faire la distinction entre le vrai et le faux. Notons cependant que les touristes vont parfois se satisfaire de la mise en scène plutôt que de la culture authentique. Certaines fois, l’image et l’imitation bien conçues sont beaucoup plus convaincantes et performantes que l’authentique. Les grottes de Lascaux 2, 3 et 4 en sont un bon exemple. Ces grottes sont des reproductions exactes des grottes originales interdites au public. Les visiteurs savent qu’il ne s’agit pas de peintures préhistoriques, néanmoins les agencements et le soin apporté à ces attractions en font des lieux crédibles et agréables à visiter. Le touriste ou le voyageur ne saura pas faire la distinction entre le vrai et le faux L’authenticité symbolique Nous l’avons vu, l’authenticité relève de la perception de celui qui regarde. L’authenticité symbolique s’inscrit dans cette logique. Cette théorie constructiviste assume la subjectivité de l’authenticité. Pour Yvettes Reisinger et Carol Steiner, ce concept serait une interprétation sociale qui dépend des croyances des individus[2]. D’après John Urry qui étudie la notion d’authenticité dans le secteur touristique : « Le regard touristique est construit à travers des signes, et le tourisme implique la collection des signes »[3]. Ce qui est intéressant, c’est que le voyageur qui va à l’étranger va finalement consommer des symboles et en même temps en produire. Ces codes vont par exemple correspondre à des stéréotypes ou des préjugés. En tout cas, ils seront des images que le touriste va attendre quand il arrivera dans une culture et qu’il va projeter par son regard. Urry va même jusqu’à dire qu’il n’y a pas de paysage touristique en dehors du regard touristique. Par conséquent, une destination touristique existe seulement au travers du regard touristique. En effet les voyageurs ne vont-ils pas à Hawaï parce qu’ils ont l’image de femmes en Lei offrant des colliers de fleurs ? Le Pérou n’attire-t-il pas à cause de ses lamas et de ses bergers à flûtes de Pan ? Les touristes iraient-ils encore au Vietnam si on leur disait qu’ils ne peuvent plus voir de vieille dame à chapeau conique qui vend des mangues au marché flottant ? La culture locale ou ce que les voyageurs croient être la culture locale et ses habitants « sont à la fois un but et un décor de vacances, un objet désiré et partiellement consommé par des visiteurs extérieurs, modelé, mise en scène […] »[4]. Selon Frank Salamone : « L’authenticité est contextuellement déterminée »[5]. C’est donc une notion fluide. Dans cette perspective, l’authenticité est une création collective. L’individu ne va pas pouvoir la juger. Sa posture est passive. La perception est finalement ancrée dans le souvenir collectif d’hier ou encore de la culture populaire d’aujourd’hui. L’authenticité relève de la perception de celui qui regarde L’authenticité existentielle Notre dernier point est tout autre. L’authenticité existentielle s’inscrit dans une démarche beaucoup plus individualiste et postmoderniste. D’après Ning Wang, la recherche de cette authenticité serait liée à notre façon de vivre[6]. Nos voyages auraient pour but de trouver le « Moi » à travers des expériences authentiques. Nous nous trouvons ici dans une logique nietzschéenne, l’humain a trop longtemps subi des idéaux absolus et généralistes, il est temps maintenant qu’il pense par lui-même. L’individu est à la recherche de son « Moi » véritable et plus dans une recherche de conformiste envers une norme. Évidemment, on peut remettre en question cette perspective dans la mesure où ce « Moi » véritable ne peut s’émanciper totalement de sa socialisation et de son conditionnement sociétal. De plus, on aurait du mal à imaginer

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