Soin, mort et diversité : pourquoi se former à l’interculturalité
Facebook Linkedin Instagram Soin, mort et diversité : pourquoi se former à l’interculturalité Dans un contexte de diversité culturelle croissante, les professionnels du soin sont confrontés à des situations complexes où soin, mort et diversité s’entrecroisent. L’approche interculturelle offre des clés concrètes pour mieux comprendre les logiques à l’œuvre et renforcer la qualité du lien soignant-soigné. Intégrer les représentations culturelles dans les parcours de soin Les pratiques de santé, qu’elles soient biomédicales ou traditionnelles, s’inscrivent toujours dans un système de représentations. On ne soigne jamais un corps « nu », mais un corps socialisé, porteur de significations culturelles, religieuses, symboliques. Ainsi, pour une soignante ou un soignant, ne pas prendre en compte les dimensions culturelles du rapport au soin, à la maladie ou à la mort, c’est risquer des incompréhensions, voire des ruptures de prise en charge. L’interculturalité permet ici un changement de posture professionnelle : il ne s’agit pas de devenir expert ou experte de toutes les cultures, mais de développer une capacité d’analyse, d’écoute, et une réflexivité sur ses propres normes implicites. Maladie, douleur et mort : des objets culturellement construits Dans la pensée biomédicale occidentale, la douleur est souvent envisagée comme un symptôme à mesurer et à faire taire. Mais dans d’autres cadres culturels, elle peut être interprétée comme une épreuve initiatique, la vengeance d’un esprit, une purification, un signal adressé par les ancêtres ou encore une manifestation d’un déséquilibre énergétique. L’interculturalité invite à ne pas minimiser le recours aux médecines traditionnelles ou spirituelles et à envisager des remèdes physiologiques, relationnels ou spirituels selon le contexte. De la même manière, la mort n’a rien d’universel dans sa manière d’être pensée ou ritualisée. Anthropologiquement, elle est un passage, une transformation, parfois un tabou, parfois une célébration. Ne pas en tenir compte dans l’accompagnement médico-social ou soignant, c’est invisibiliser les vécus, imposer des normes implicites, et risquer une forme de violence institutionnelle involontaire. Historiquement, ces groupes ont été perçus comme des sujets passifs, objets de politiques uniformisées. Mais leur trajectoire révèle au contraire une capacité d’agir, de résister et de s’adapter. Interroger cette vision permet de remettre en question les préjugés qui sous-tendent nos pratiques et d’ouvrir la voie à des approches davantage orientées par les besoins et les aspirations des personnes concernées. Interculturalité : une compétence pour le vivre ensemble en actes Dans les métiers du soin et de l’accompagnement, les malentendus culturels prennent souvent des formes banales, mais lourdes de conséquences : une demande de toilette rituelle mal comprise, un refus de toucher un corps selon certaines croyances, une gêne face à des pratiques funéraires inhabituelles. Ces situations ne relèvent pas d’un manque de bonne volonté, mais d’un décalage de repères dans l’articulation entre soin, mort et diversité. C’est ici que l’interculturalité devient un outil professionnel à part entière. Elle ne consiste pas à « apprendre toutes les cultures », mais à développer une posture d’observation, de questionnement et d’ajustement. Elle aide à identifier les normes implicites qui traversent les institutions de santé, à mieux comprendre les logiques d’action des personnes accompagnées, et à construire un cadre de travail plus respectueux, plus lisible pour toutes et tous. La prise en compte de la langue maternelle, de l’histoire migratoire et des valeurs du patient contribue à respecter sa dignité et à établir une relation de confiance, essentielle pour l’adhésion au traitement et la réussite de la prise en charge Travailler l’interculturalité, c’est reconnaître que le soin se joue aussi dans la relation, dans la symbolique, dans les mots que l’on choisit et les gestes que l’on autorise. Dans un contexte marqué par la diversité des publics et par la charge émotionnelle liée à la mort ou à la fin de vie, cette approche favorise la qualité du lien, la prévention des tensions et le maintien d’un vivre ensemble durable dans les équipes comme auprès des usagères et usagers. Les professionnels du médico-social se heurtent souvent à des tensions entre leurs cadres d’intervention normés et les perceptions des individus accompagnés. Apprendre à décoder ces différences ne relève pas d’un exotisme superficiel, mais d’une compétence professionnelle essentielle. Cela permet de répondre de manière adaptée tout en respectant les singularités culturelles. Historiquement, ces groupes ont été perçus comme des sujets passifs, objets de politiques uniformisées. Mais leur trajectoire révèle au contraire une capacité d’agir, de résister et de s’adapter. Interroger cette vision permet de remettre en question les préjugés qui sous-tendent nos pratiques et d’ouvrir la voie à des approches davantage orientées par les besoins et les aspirations des personnes concernées. Par Manon BINET, le 22/04/2025 Voir nos formations
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